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Un blog sur l'histoire, la géographie et l'éducation civique enseignées dans un collège de Fontenay-sous-Bois

Peuplement de l'Amérique: les dernières nouvelles!

En octobre 2015, je publiais un article à propos des migrations humaines anciennes et des études sur le génome qui éclairaient ces voyages des hommes du lointain passé. 

 

Cet article était illustré d'une carte retraçant ces migrations ancestrales. 

Peuplement de l'Amérique: les dernières nouvelles!

Cette carte datait le passage du détroit de Béring et l'arrivée des premiers homo-sapiens en Amérique du Nord d'il y a 15 000 ans, période communément admise.

Or de récents travaux et publications viennent de faire remonter cette arrivée des humains sur ce continent d'une dizaine de milliers d'années. L'université de Montréal publie les résultats de ces recherches qui prouvent une présence humaine de 25 000 ans ! Une présence donc beaucoup plus ancienne que l'on ne le pensait jusqu'à présent...

Les premiers humains sont arrivés en Amérique du Nord bien plus tôt qu’on le pensait!

Par Daniel Baril, 13 janvier 2017.

La doctorante Lauriane Bourgeon et les professeurs Ariane Burke et Thomas Higham ont daté le plus vieux site d’occupation humaine du Canada.

Cette mandibule de cheval provenant de la grotte 2 contient de multiples traces de découpes, droites et parallèles, localisées sur la face linguale. Elles indiquent que le prélèvement de la langue de l'animal a été effectué à l’aide d’un outil en pierre.

Cette mandibule de cheval provenant de la grotte 2 contient de multiples traces de découpes, droites et parallèles, localisées sur la face linguale. Elles indiquent que le prélèvement de la langue de l'animal a été effectué à l’aide d’un outil en pierre.

Le passage des premiers humains vers le continent nord-américain par le détroit de Béring vient de faire un bond dans le temps en reculant de 10 000 ans. C’est en effet ce que viennent d’établir hors de tout doute Ariane Burke, professeure au Département d’anthropologie de l’Université de Montréal, et son étudiante de doctorat Lauriane Bourgeon, avec la contribution de Thomas Higham, directeur adjoint du laboratoire de datation par radiocarbone de l’Université d’Oxford. Estimée jusqu’ici à environ -14 000 ans selon les plus vieux sites archéologiques datés, la présence humaine dans le nord du continent remonterait plutôt à -24 000 ans, à l’apogée de la dernière ère glaciaire.

C’est à l’aide d’artéfacts provenant des grottes du Poisson-Bleu, situées sur les rives de la rivière Bluefish dans le nord du Yukon, près de la frontière de l’Alaska, que les chercheurs ont fait leur découverte. Ce site a été l’objet de fouilles archéologiques entre 1977 et 1987 par l’archéologue Jacques Cinq-Mars. À partir de la datation d’ossements animaux au carbone 14, le chercheur avait alors avancé l’hypothèse audacieuse d’une occupation humaine de cette région à une date aussi lointaine que -30 000 ans.

Confirmation de l’hypothèse

L’hypothèse de Jacques Cinq-Mars est demeurée fort controversée dans la communauté scientifique en l’absence d’autres sites confirmant une telle date. De plus, rien n’assurait que la présence d’ossements de chevaux, de mammouths, de bisons et de caribous dans les grottes du Poisson-Bleu était due à l’intervention humaine.

L’hypothèse de Jacques Cinq-Mars est demeurée fort controversée dans la communauté scientifique en l’absence d’autres sites confirmant une telle date. De plus, rien n’assurait que la présence d’ossements de chevaux, de mammouths, de bisons et de caribous dans les grottes du Poisson-Bleu était due à l’intervention humaine.

Lauriane Bourgeon a voulu tirer la chose au clair et a passé en revue les quelque 36 000 fragments d’os prélevés sur le site et conservés depuis au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau. Un travail titanesque qui l’a tenue occupée pendant deux ans. Un examen approfondi de certaines pièces effectué au Laboratoire d’écomorphologie et de paléoanthropologie de l’Université de Montréal a révélé, sur 15 ossements, des traces indéniables d’une intervention humaine. Une vingtaine d’autres fragments montrent également des traces probables d’une intervention de l’homme.


«Il s’agit de séries de traits droits, au profil en forme de V, tracés sur la surface de l’os par des outils de pierre utilisés pour dépecer l’animal, précise Ariane Burke. Ces stigmates sont incontestablement des signes de découpe opérée par des humains.»

Lauriane Bourgeon a soumis ces ossements à de nouvelles analyses au carbone 14. L'âge du plus vieux fragment, une mandibule de cheval portant les marques d’un outil de pierre vraisemblablement employé pour en détacher la langue, est de 19 650 ans au carbone 14, ce qui donne entre 23 000 et 24 000 ans en années calibrées (ou années avant le présent).

«Notre découverte confirme les analyses antérieures et démontre qu’il s’agit du plus vieux site connu d’occupation humaine au Canada, affirme Mme Burke. Elle indique que la Béringie de l’Est était habitée au cours de la dernière période glaciaire.»

Hypothèse de l’isolement génétique confirmée

La Béringie est un immense territoire allant du fleuve Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest, jusqu’à la rivière Lena, en Russie. Selon la professeure, des études en génétique des populations ont montré qu’un groupe de quelques milliers d’individus a vécu de façon isolée du reste du monde en Béringie il y a de 15 000 à 24 000 ans.

«Notre découverte prouve l’hypothèse de l’isolement béringien, assure-t-elle. L’isolement génétique devait aussi correspondre à un isolement géographique. Au maximum de l’ère glaciaire, la Béringie était isolée du reste du continent nord-américain par les glaciers et par des steppes trop inhospitalières pour l’occupation humaine à l’Ouest. C’était potentiellement une zone refuge.»

Les Béringiens des grottes du Poisson-Bleu seraient ainsi parmi les ancêtres des colonisateurs qui allaient, à la fin de la période glaciaire, peupler le continent jusqu’en Amérique du Sud en longeant la côte.

La recherche doctorale de Lauriane Bourgeon a donné lieu à une publication dans la revue PLOS ONE du 6 janvier sous le titre «Earliest Human Presence in North America Dated to the Last Glacial Maximum: New Radiocarbon Dates from Bluefish Caves, Canada». L’article est cosigné par la professeure Burke et par Thomas Higham, du Laboratoire de recherche en archéologie et histoire de l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni.

L'article de l'Université de Montréal.

Une confirmation donc et des preuves matérielles du fait que l'arrivée des hommes en Amérique du Nord, et en l'occurrence  leur installation sur le territoire de l'actuel Canada, est beaucoup plus précoce qu'on ne l'imaginait. 

 

Ainsi la connaissance de cette (pré)histoire évolue encore au fil des découvertes, des études et des publications. 

 

Ce n'est sans doute pas terminé. A suivre donc !

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