Un blog sur l'histoire, la géographie et l'éducation civique enseignées dans un collège de Fontenay-sous-Bois
2 Juin 2013
Comme dans de nombreuses villes, à Fontenay, il était de tradition, depuis 1842 que chaque année soit choisie honorée une "jeune fille vertueuse" qui représentait la commune. Elle devait déposer une rose sur la tombe d'un bienfaiteur de la commune.
Cette tradition va connaître une évolution au 20e siècle grâce à la Madelon. Il s'agit d'une chanson populaire qui fut créée en mars 1914 dans un café-concert de Paris. C'est une commande du chanteur Bach. Les paroles sont de Louis Bousquet et la musique de Camille Robert. Elle raconte l'histoire de la servante d'un cabaret militaire qui sert à boire aux soldats.
Cette chanson a d'ailleurs peu de succès lors de sa création. Mais elle rencontre le succès et prend son envol à partir de Fontenay-sous-Bois dans l'enthousiasme de l'entrée en guerre en août 1914. A cette époque, le chansonnier qui avait assisté quelques mois auparavant à la création de cette chanson à Paris la reprend. Artilleur, il est alors cantonné à l'école Jules Ferry de Fontenay et c'est là dit-on qu'il chante La Madelon pour amuser ses camarades. Ceux-ci l'apprennent et la chantent à leur tour. C'est le début du succès de cette chason qui est reprise dans les spectacles des comiques troupiers ces amuseurs qui chantaient pour divertir les soldats en permission.
C'est le chanteur Marcelly qui est le premier à enregistrer le chanson de la Madelon sur un disque sorti en 1917.
La Madelon - Version originale de 1917 - Marcelly
Quand Madelon (C. Robert) avec chœurs chanté par M. Marcelly de la Gaîté-Rochechouart Disque Pathé n°4879 / mx. 1818-222 Paris, juin 1917 Apparement, il s'agit de la toute première version ...
Le premier enregistrement de La Madelon en 1917.
Pour rendre hommage à ce succès et en souvenir des très nombreux morts de cette première Guerre mondiale, la municipalité de Fontenay-sous-Bois décide en 1920 que désormais, la Rosière municipale serait appelée la Madelon.
Le 29 mai 1921, un plaque est apposée sur la façade de l'école Jules Ferry rue Roublot, pour rappeler que c'est à cet endroit que commença le succès de la chanson.
Durant 90 ans, de 1921 à 2011, la commune de Fontenay et son comité des fêtes ont donc élu chaque année une jeune fille. Cette tradition a été arrêté en 2011, la ville considérant que l'élection d'une jeune fille sur des critères physiques ne correspondait pas à l'idée d'égalité femme - hommes défendue par la politique municipale.
Les paroles de la chanson d'ailleurs ne sont pas très féministes, la Madelon étant une jeune fille qui fait l'objet des fantasmes de ces soldats loin de leurs "promises". Plusieurs niveaux de lecture peuvent être proposés de cette chanson comique qui évoque une réalité sans doute moins rose et romantique que celle des paroles prises au premier degré.
L'élection de la Madelon a été remplacée par l'attribution d'un prix récompensant des jeunes (filles ou garçons) engagés dans des projets solidaires et associatifs.
L'élection | fontenay-sous-bois.fr
Durant 90 ans, la tradition de l'élection de la Madelon s'est perpétrée. Une jeune femme fontenaysienne était élue pour représenter notre ville lors des manifestations locales pendant une ann...
http://www.fontenay-sous-bois.fr/cadre-de-vie/fontenay-ma-ville/madelon/l-election/index.html
Les portraits des Madelons de 1921 à 2011 sur le site internet de la ville.
Cependant, s'il n'y a plus d'élection d'une Madelon, la municipalité perpétue le souvenir de cet épisode historique en déposant chaque année une gerbe de fleurs à l'école Jules Ferry à l'occasion des fêtes de la Madelon.
Cette année 2013, les élus de Fontenay étaient accompagnés dans cette cérémonie par M. François Puchois (à gauche sur la photo) maire de Trucy dans l'Aisne, village dévasté lors de l'offensive Nivelle d'avril 1917, que la ville de Fontenay a aidé à se reconstruire à partir de 1919. Symbole fort que ce parrainage solidaire qui se poursuit depuis plus de 92 ans et dont la vitalité a dépassé celle de l'élection de la Madelon.
Pour le repos, le plaisir du militaire,
Il est là-bas à deux pas de la forêt
Une maison aux murs tout couverts de lierre
« Aux Tourlourous » c'est le nom du cabaret.
La servante est jeune et gentille,
Légère comme un papillon. Comme son vin son œil pétille,
Nous l'appelons la Madelon
Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour,
Ce n'est que Madelon mais pour nous c'est l'amour
Refrain :
Quand Madelon vient nous servir à boire
Sous la tonnelle on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n'est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton
Elle rit, c'est tout le mal qu'elle sait faire
Madelon, Madelon, Madelon !
Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l'on épousera
Mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui dise
Ce qu'on fera quand la classe rentrera
En comptant les jours on soupire
Et quand le temps nous semble long
Tout ce qu'on ne peut pas lui dire
On va le dire à Madelon
On l'embrasse dans les coins.
Elle dit « veux-tu finir… »
On s'figure que c'est l'autre, ça nous fait bien plaisir.
Refrain
Un caporal en képi de fantaisie
S'en fut trouver Madelon un beau matin
Et, fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie
Et qu'il venait pour lui demander sa main
La Madelon, pas bête, en somme,
Lui répondit en souriant :
Et pourquoi prendrais-je un seul homme
Quand j'aime tout un régiment ?
Tes amis vont venir. Tu n'auras pas ma main
J'en ai bien trop besoin pour leur verser du vin
Refrain