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Un blog sur l'histoire, la géographie et l'éducation civique enseignées dans un collège de Fontenay-sous-Bois

Palmyre avant et après...

En décembre 2015 j'écrivais un billet sur les dévastations que les combattants islamistes avaient fait subir aux antiquités et aux habitants de Palmyre, cité antique et patrimoine archéologique de l'Humanité.

En mars 2015, l'armée régulière syrienne, soutenue par les forces aériennes russes a repris ce territoire aux djihadistes du soit disant "Etat islamique".

Le journal Le Monde publie dans son édition numérique un portfolio, un album de quelques images, qui permet de se rendre compte, là encore par le procédé de la rephotographie, des dégâts infligés aux monuments et statues antiques.

En introduction le commentaire du journal se suffit à lui-même:

Portfolio

Palmyre, avant et après l’Etat islamique

Le Monde.fr avec AFP | 02.04.2016 à 16h25 • Mis à jour le 03.04.2016 à 08h28

L’armée syrienne a repris fin mars le contrôle de la ville de Palmyre, ville du centre du pays contrôlée depuis le mois de mai 2015 par l’organisation Etat islamique (EI) et où se trouve un riche patrimoine archéologique. La cité antique, patrimoine mondial de l’humanité, a subi de sérieuses dégradations, certaines parties ayant été dynamitées par les djihadistes. Un photographe de l’Agence France-presse, Joseph Eid, a comparé les ruines avant et après l’occupation par l’EI.

Le Monde

La "cella", partie fermée et la plus importante du temple de Bêl, le plus beau monument de la cité antique, n'est plus qu'un amas de gravats depuis que l'organisation Etat islamique l'a fait exploser en août 2015. JOSEPH EID / AFP

La "cella", partie fermée et la plus importante du temple de Bêl, le plus beau monument de la cité antique, n'est plus qu'un amas de gravats depuis que l'organisation Etat islamique l'a fait exploser en août 2015. JOSEPH EID / AFP

"Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant. D'après nos experts, nous allons pouvoir certainement restaurer un tiers de la 'cella' détruite et peut-être plus après des études complémentaires avec l'Unesco. Cela prendra cinq ans de travail sur le terrain", a affirmé le directeur des antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. "Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant. D'après nos experts, nous allons pouvoir certainement restaurer un tiers de la 'cella' détruite et peut-être plus après des études complémentaires avec l'Unesco. Cela prendra cinq ans de travail sur le terrain", a affirmé le directeur des antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. JOSEPH EID / AFP

"Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant. D'après nos experts, nous allons pouvoir certainement restaurer un tiers de la 'cella' détruite et peut-être plus après des études complémentaires avec l'Unesco. Cela prendra cinq ans de travail sur le terrain", a affirmé le directeur des antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. "Le temple de Bêl ne sera plus jamais comme avant. D'après nos experts, nous allons pouvoir certainement restaurer un tiers de la 'cella' détruite et peut-être plus après des études complémentaires avec l'Unesco. Cela prendra cinq ans de travail sur le terrain", a affirmé le directeur des antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. JOSEPH EID / AFP

De la "cella" du temple de Baalshamin, il ne reste plus rien en dehors de quatre colonnes, et de l'arc de triomphe, datant de l'empereur romain Septime Sévère (IIIe siècle). La partie centrale et les arches sont à terre. JOSEPH EID / AFP

De la "cella" du temple de Baalshamin, il ne reste plus rien en dehors de quatre colonnes, et de l'arc de triomphe, datant de l'empereur romain Septime Sévère (IIIe siècle). La partie centrale et les arches sont à terre. JOSEPH EID / AFP

Sur le podium s'amoncellent les blocs de pierre beige et ocre typiques de la région qui formaient les murs. La colonnade de huit pilastres finement cannelés de 16 m de haut gît au sol, tout comme les merlons et créneaux qui surmontaient le toit. JOSEPH EID / AFP

Sur le podium s'amoncellent les blocs de pierre beige et ocre typiques de la région qui formaient les murs. La colonnade de huit pilastres finement cannelés de 16 m de haut gît au sol, tout comme les merlons et créneaux qui surmontaient le toit. JOSEPH EID / AFP

Selon M. Abdelkarim, directeur des antiquités syriennes, "ériger à nouveau l'arche du temple de Baalshamin n'est pas compliqué car tous les blocs sont là et elle avait déjà été remontée dans les années 1930". JOSEPH EID / AFP

Selon M. Abdelkarim, directeur des antiquités syriennes, "ériger à nouveau l'arche du temple de Baalshamin n'est pas compliqué car tous les blocs sont là et elle avait déjà été remontée dans les années 1930". JOSEPH EID / AFP

Le Musée national avait été transformé en tribunal religieux et a subi de nombreux vandalismes. JOSEPH EID / AFP

Le Musée national avait été transformé en tribunal religieux et a subi de nombreux vandalismes. JOSEPH EID / AFP

Des statues typiques de l'art palmyrien, comme les bustes de femmes aux yeux globuleux et aux lourdes parures ont été jetés à terre, les portraits ont été mutilés et les scènes de banquet funéraire ont été brisées ou martelées, visiblement avec rage. JOSEPH EID / AFP

Des statues typiques de l'art palmyrien, comme les bustes de femmes aux yeux globuleux et aux lourdes parures ont été jetés à terre, les portraits ont été mutilés et les scènes de banquet funéraire ont été brisées ou martelées, visiblement avec rage. JOSEPH EID / AFP

Dans le théâtre romain, intact, des djihadistes ont écrit leur nom et un mur est criblé de balles. C'est dans cet édifice, datant du IIe siècle, que l'EI a procédé à des exécutions publiques de soldats par des enfants de membres du groupe djihadiste. AP

Dans le théâtre romain, intact, des djihadistes ont écrit leur nom et un mur est criblé de balles. C'est dans cet édifice, datant du IIe siècle, que l'EI a procédé à des exécutions publiques de soldats par des enfants de membres du groupe djihadiste. AP

Pour compléter ce reportage photographique, quelques images tournées à l'aide d'un drône suite à la reprise de Palmyre par l'armée syrienne permettent de se faire une idée de l'ampleur du site archéologique et des destructions subies par ses temples anciens.

La question cependant qui reste posée face à ces destructions du patrimoine archéologique syrien et mondial est de tenter de comprendre pourquoi. Savoir pourquoi et pour quoi, les islamistes de Daech ont fait exploser en août 2015 le temple de Baalshamîn "maître du Ciel", dieu de la pluie et de l'orage... Il semble en effet incensé, théologiquement parlant de s'en prendre à un temple désaffecté depuis des siècles et des siècles, celui d'une divinité que plus personne au monde ne révère.

Il s'agit certes bien d'un dieu d'avant l'Islam comme il y en eut tant dans le monde antique et en particulier dans cette région. L'explication que donne l'historien Paul Vayne dans son remarquable ouvrage Palmyre l'irremplaçable trésor est tout à fait intéressante. Il rappelle dans son chapitre 9 que Palmyre était devenue au fil des âges une cité avec "Une identité hybride" tout à la fois orientale et gréco-romaine influencée par le monde arabe, la langue araméenne et la domination culturelle de l'empire d'Hadrien.

Cette identité métissée, dans laquelle des influences diverses et une culture locale se côtoient plus que ne se fusionnent semble être une des clés de ces destructions. Un des aspects qui attire une détestation sur ces vestiges religieux (temples) et profanes (bustes et scènes de banquets). Mais ce n'est pas la seule raison. Une seconde est bien plus politique et bien plus contemporaine. L'historien explique son analyse page 119:

Or les islamistes veulent manifester que les musulmans ont une autre culture que la nôtre, une culture qui leur est propre. Ils ont fait sauter ce temple de Palmyre et ils ont saccagé plusieurs sites archéologiques du Proche-Orient pour nous montrer qu'ils sont différents de nous et qu'ils ne respectent pas ce que vénère la culture occidentale [ici les monuments historiques].

On est bien si cette analyse est juste, dans le concept d'une "offensive idéologique" qui entend entrer dans çe que certains, aux USA par exemple appellent un "choc des civilisations". Celui-ci passerait donc par la négation de toute possibilité de mélange, de partage d'influence. On en a vu un exemple proche avec la destruction de certains mausolés de Saints à Tombouctou.

Et pourtant comme le rappelle Paul Vayne "Partout dans le monde les filles font des études, les femmes conduisent. Et à nos yeux, s'il arrivait malheur à une des admirables mosquées de Damas, d'Istanbul ou d'Andrinople, çe serait une perte pour toute l'humanité".

Alors oui, effectivement, la destruction des trésors du patrimoine de Palmyre est une perte immense pour tous. Celle de la vie des victimes de cette guerre de même. La différence c'est que les vies supprimées ne peuvent se ressusciter ni se reconstruire comme un Arc de Triomphe ou les colonnes d'un temple, si endommagées soient-elles.

Pour ces dernières je ne doute pas que les services archéologiques syriens mettront tout en œuvre, le moment venu, pour tenter de redonner vie aux sites antiques de cette "perle du désert" que fut Palmyre...

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