Retour sur une actualité brulante aux confins de l'archéologie et de la géopolitique.
On apprenait hier la destruction par le groupe "Etat Islamique" d'un des temples symboles des restes de la cité antique de Palmyre en Syrie.
Revenons d'abord sur cette ville qui fut, dans l'antiquité la capitale d'un empire. Contrôlée tour à tour par les Grecs Séleucides, elle devint ensuite une cité aux marges orientales de l'empire romain.
Riche cité marchande, lieu de rupture de charges entre l'Orient et le monde méditerranéen, de nombreuses fouilles archéologiques ont, depuis les années 1900 permis de découvrir des richesses immenses.
Parmi les trésors de cette cité antique, le temple de Bêl, dieu protecteur de Palmyre, construit en l'an 32 et remarquablement bien conservé.
Des images satellites montrent que les restes de ce temple ont été rasés ces derniers jours par les membres du groupe fanatique qui contrôle la région. Pourquoi ? La volonté de faire disparaître ce qui selon eux ne correspond pas à la religion qu'ils prennent comme prétexte pour assurer leur domination sur la région.
Pourtant ce temple a été bâti six siècles avant la naissance de l'Islam, il ne pouvait donc pas, c'est une simple question de chronologie, respecter des préceptes religieux qui n'existaient pas encore (et dont on pourrait par ailleurs discuter même de la pertinence au regard de la tradition musulmane !).
La volonté de ces destructeurs d'antiquités est d'éradiquer de la mémoire d'un peuple une partie de son patrimoine plus ancien. Il faut rappeler que cette région du monde, la Mésopotamie et le Proche-Orient (Irak, Syrie) est le lieu d'apparition des premières villes, les premières cités Etats il y a plus de 5 000 ans.
Leur volonté de détruire les traces de se patrimoine a même été jusqu'à l'assassinat, le 18 août dernier, de l'ancien conservateur en chef des antiquités de Palmyre, l'archéologue de renommée internationale Khaled Assad, 82 ans un des meilleurs connaisseur des civilisations antiques de la région.