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Un blog sur l'histoire, la géographie et l'éducation civique enseignées dans un collège de Fontenay-sous-Bois

Espace proche, espace vécu, étape 4 : rencontre avec un urbaniste.

Alain Régnier dans la classe de M. Damiani.
Alain Régnier dans la classe de M. Damiani.

Le projet "espace proche, espace vécu" avec les élèves de 6e du collège Jean Macé se poursuit. L'étape n°4 rencontre avec un urbaniste, témoin et acteur de la construction de Fontenay-sous-Bois a pris la forme d'un compte rendu rédigé avec les élèves.

"Le 12 janvier, notre professeur de géographie nous a présenté M. Alain Régnier, un ancien directeur de l'urbanisme (le service municipal qui s’occupe des constructions), qui a travaillé dans notre ville dès 1972. Il est aujourd'hui à la retraite et préside l'association des Ami-e-s de Fontenay-sous-Bois. Il est venu nous parler du développement de notre quartier.

Nous lui avons posé des questions et il a donné de nombreuses explications.

L'abbé Pierre pendant l'hiver 1954.
L'abbé Pierre pendant l'hiver 1954.

Pourquoi a-t-on construit massivement à Fontenay ?

M. Régnier nous a donné la définition de la ZUP : c'est une "zone à urbaniser en priorité". Il y a longtemps, on a choisi des terrains qui occupaient le quart de notre ville pour y construire des logements car en 1954 l'hiver avait été rude: il y avait eu de nombreux morts. On s'en souvient encore grâce au vibrant appel de l'abbé Pierre qui avait été filmé en noir et blanc.

La défense en 1977.
La défense en 1977.

A la Défense, de l'autre côté de Paris, on avait créé une zone dans laquelle il y avait surtout des bureaux. Grâce à la ligne de RER, les salariés pouvaient se loger à l'est de Paris, sur un axe diamétralement opposé qui les conduisait directement à Vincennes et à Fontenay.

Il aurait fallu construire 14 000 logements à Fontenay. C’était la décision de l’Etat. Mais la municipalité voulait aussi de la verdure et des logements plus bas, pas seulement des tours.

Plan masse initial de la ZUP avec 14 000 logements.

Plan masse initial de la ZUP avec 14 000 logements.

Finalement, on a construit 7 000 logements de moins que prévu car on craignait de faire une ville-dortoir. On a construit aussi 300 000 mètres carrés de bureaux qui ont généré des emplois ainsi que de la mixité au niveau de l'habitat puisqu'ils se trouvent à côté des cités. D'ailleurs, le quart des employés de ces bureaux sont des fontenaysiens.

Espace proche, espace vécu, étape 4 : rencontre avec un urbaniste.

Le rôle des architectes

Mais créer une ville, c'est aussi créer des écoles et des équipements en tous genres. A Fontenay, on a laissé une liberté totale aux architectes afin qu'ils puissent innover. Et certains d'entre eux sont aujourd'hui très connus. Mais à l’époque ils étaient jeunes et moins célèbres.

- Par exemple, Americo Zublena, qui a construit l'école Edouard Vaillant en 1977 a réalisé plus tard le Stade de France. Dans cette école, il n'y a pas de clôture. On voulait que chaque classe ait sa cour de récréation. On y est parvenu en exploitant les mouvements du terrain qui n’était pas plat.

L'école Edouard Vaillant tout juste construite. Photo Archives municipales de Fontenay-sous-Bois.

L'école Edouard Vaillant tout juste construite. Photo Archives municipales de Fontenay-sous-Bois.

- Les architectes qui ont fait les plans pour la rue Jean Pierre Timbaud, M. Andrault et M. Parat, ont également fait ensuite le Palais Omnisport de Paris Bercy.

Les immeubles Andrault et Parat. Les immeubles Andrault et Parat.

Les immeubles Andrault et Parat.

- Oscar Niemeyer, le plus grand architecte brésilien, a réalisé construction de la ville de Brasilia. Il a aussi imaginé les plans des immeubles qui se trouvent derrière le centre commercial du Val-de-Fontenay et qui ont des murs-rideaux (des façades en verre). On peut les voir près du lycée Pablo Picasso, avenue des Olympiades.

Immeuble Niemeyer. Immeuble Niemeyer.

Immeuble Niemeyer.

- M. Maillard, a lui utilisé la technique des "tabourets" qui ont été remplis grâce à une centrale à béton installée sur le chantier. Ainsi, la construction est allée beaucoup plus vite car les différents éléments du gros-oeuvre s'assemblaient comme des légos préfabriqués. On a ainsi pu faire 400 logements en un an seulement. On peut les voir près de la boulangerie qui se trouve face au collège Jean Macé. Ils viennent d'être réhabilités il y a peu : on a refait l'isolation thermique et phonique afin de respecter les nouvelles normes.

La construction des bâtiments de l'architecte Maillard, avenue Charles Garcia.

La construction des bâtiments de l'architecte Maillard, avenue Charles Garcia.

Quant aux tours des Larris, elles ont été posées sur des dalles de béton comme chacun peut le voir en déambulant entre les bâtiments. L’idée de départ est d’avoir des niveaux différents pour les voitures et les piétons.

Image aérienne du quartier des Larris de nos jours.

Image aérienne du quartier des Larris de nos jours.

Plan du projet d'autoroute et de RER en tranchée ouverte.
Plan du projet d'autoroute et de RER en tranchée ouverte.

Comment transporter ces nouveaux habitants ?

Les fontenaysiens étant nombreux, il a fallu leur trouver un moyen de transport pour traverser la capitale : on a donc rajouté la branche du RER qui va de Val de Fontenay à Marne la Vallée. Elle rejoint la branche qui vient de Boissy-Saint Léger à Vincennes. Il était question de poser la ligne ferroviaire sur un viaduc. Il était aussi prévu par l'Etat la construction d'un échangeur d'autoroute au niveau de l'actuel hôtel de ville ! Mais on craignait qu'il défigure la ville.

Alors, on a préféré une ligne de RER souterraine en tranchée couverte afin de réduire les nuisances sonores.

Espace proche, espace vécu, étape 4 : rencontre avec un urbaniste.

Reprise de l'observation des photos

Après, nous avons ressorti nos photos d'archives. On y voit notre ville qui commence à se métamorphoser grâce aux premières constructions. Nous avons mis par écrit des questions que nous voulions poser à notre intervenant. Ses réponses devaient nous éclairer sur les lieux qui étaient visibles sur la photo et que nous étions chargés de retrouver sur le terrain durant une sortie en groupe. Comme ces endroits avaient beaucoup changé, il nous manquait souvent des indices pour les reconnaître et le directeur de l'urbanisme, qui connaissait Fontenay depuis bien longtemps, pouvait nous aider à les retrouver sur une carte.

Chaque groupe a observé son lot de photos et a noté 4 ou 5 questions. Notre professeure de français, qui était présente, nous a aidés à les formuler avec précision. Puis l'intervenant est passé nous voir pour y répondre.

M. Régnier répond au questions des élèves.

M. Régnier répond au questions des élèves.

Comme d'habitude, durant cette rencontre qui a duré deux heures, trois de nos camarades passaient d'un groupe à l'autre et prenaient des notes afin de préparer un compte-rendu de la séance.

Espace proche, espace vécu, étape 4 : rencontre avec un urbaniste.

Certains élèves ont posé des questions un peu techniques :

- "Comment construit-on le pilier qui se trouve sur la photo ?"

- "Pourquoi est-il garni de tiges de fer ?"

- "Comment ce pilier peut-il soutenir plusieurs étages ?"

Les piliers de "l'hôtel des Postes" en construction. Archives municipales de Fontenay-sous-Bois.

Les piliers de "l'hôtel des Postes" en construction. Archives municipales de Fontenay-sous-Bois.

Pose de la première pierre du collège Jean Macé, 17 octobre 1971.
Pose de la première pierre du collège Jean Macé, 17 octobre 1971.

Nous avons aussi demandé à quand remontait la tradition de poser la première pierre d'un édifice et pourquoi celle-ci était posée à même le sol au lieu de se trouver dans les fondations.

Puis nous avons voulu savoir qui étaient les premiers occupants des nouveaux logements.

Quelques précisions :

- Le nom de la ville de Fontenay a pour origine les nombreuses fontaines que l'on y trouvait. Il y avait tant de sources que l'eau envahissait les fondations des constructions. A l'époque, cette eau a été canalisée et envoyée vers les égouts. Aujourd'hui, comme nous avons davantage de connaissances, nous saurions mieux utiliser cette ressource naturelle.

- Auparavant, le quartier du Val était très plat; on a utilisé la terre des déblais (celle qui venait des fondations creusées pendant les travaux) pour faire des buttes et donner plus de relief au terrain.

- On a gardé le nom de certains lieux-dits comme "la mare à Guillaume" ou "la Redoute" (nom d'un ancien bâtiment militaire) parce que les gens les utilisent depuis toujours. De la même façon, on a beau faire des allées, si les gens décident de prendre des raccourcis, ils finissent par créer un chemin qui n'existait pas auparavant. Quand on s'occupe d'urbanisme, on est attentif à ce genre de détail et on en tient compte pour redessiner le plan de la ville.

- Nous avons appris que la sculpture en acier qui se trouve face à Auchan pèse 100 tonnes. C'est vraiment énorme. Elle n'est pas installée au-dessus de la voie ferrée souterraine car son plafond pourrait s'effondrer sous son poids.

Place du Général de Gaulle avec à la gauche du rond point la sculpture "Liberté".

Place du Général de Gaulle avec à la gauche du rond point la sculpture "Liberté".

La Régie de Chauffage Urbain de Fontenay.
La Régie de Chauffage Urbain de Fontenay.

- La chaufferie centrale, qui se trouve près de Rosny, utilise du bois qui vient de la forêt d'Orléans et qui arrive sous forme de granulés. Mais elle a reçu également du mazout et du charbon car elle peut utiliser plusieurs combustibles. Elle possède des filtres anti-pollution qui protègent la santé des riverains. C'est écologique.

Le nouveau cimetière de Vincennes, situé à Fontenay.
Le nouveau cimetière de Vincennes, situé à Fontenay.

- Quant à la ville de Vincennes, elle a acheté un terrain à la ville de Fontenay afin d'y faire un cimetière car il y avait de la place à l’époque. Il se situe près du stade Coubertin".

Voilà encore une séance bien remplie pour les élèves et leurs enseignants. Les témoignages et les connaissances sur la construction de Fontenay-sous-Bois s'accumulent. Les élèves commencent à se faire une idée précise de la façon dont leurs quartiers se sont construits.

Merci à monsieur Régnier pour cette séance passionnante.

A suivre donc !

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