Rédigé par M. Damiani-Aboulkheir et publié depuis
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Ce 27 janvier 2015 marque le 70e anniversaire de la libération du complexe concentrationnaire d'Auschwitz par les soldats de l'armée soviétique.
Le mot "libération", souvent employé est cependant un peu inapproprié. En effet lorsque les hommes de l'armée rouge arrivent dans le camp vers 15h ce jour d'hiver ils n'y trouvent que 7 000 prisonniers, des déportés à bout de force trop faibles pour avoir été déplacé.
Les autres, les plus valides (plus de 60 000) ont dû quitter Auschwitz, à pied, sous les ordres des SS pour rejoindre d'autres lieux de détention, d'autres camps, plus à l'ouest. La carte suivante montre les routes d'évacuation du plus grand nombre de déportés de ce centre d'extermination.
Le camp d'Auschwitz 1 a été ouvert en mai 1940 par les nazis dans la ville occupée d'Oświęcim dans une ancienne caserne de l'armée polonaise. Ce premier camp de concentration est d'abord occupé par des prisonniers polonais. Il est administré dès ce moment là par les SS. Des opposants allemands y sont aussi déportés. Les nazis y font surmonter le portail d'une inscription cynique qui se retrouve dans des camps de concentration plus anciens comme Dachau : Arbeit macht frei, "Le travail rend libre".
J'ai pris les photographies qui suivent lors d'un voyage sur ce lieu d'histoire en février 2013.
Le portail du camp d'Auschwitz 1.
Avec la guerre à l'Est et la mise en place de l'extermination un autre camp, un centre de mise à mort, est créé à deux kilomètres de là le camp de Birkenau ou Auschwitz 2 d'une superficie de plus de 170 hectares. Il est d'abord occupé par des soldats soviétiques prisonniers. C'est en ce lieu que sont amenés par train de toute l'Europe entre 1941 et 1944 plus de 1,3 million de personnes.
C'est dans le camp d'origine que les nazis testent, dès septembre 1941, leur première chambre à gaz sur 600 prisonniers de guerre soviétiques. Ce gaz appelé Zyklon B à base cyanure d'hydrogène est ensuite utilisé de manière industrielle pour exterminer plus d'un million de personnes dont 900 000 juifs et 200 000 tsiganes.
Le chambre à gaz d'origine, testée en septembre 1941.
Venus de toute l'Europe occupée, les déportés sont acheminés en train, par convois, de toutes les directions du continent à partir de 1942 et ce durant deux ans et demi. De différents lieux d'enfermements : camps comme Drancy en France, ghettos en Pologne, dans les pays Baltes et autres prisons.
Alors que les trains arrivent à l'extérieur du camp à quelques centaines de mètres, les déportés sont débarqués à un endroit que les détenus surnomment la judenrampe, "la rampe des juifs".
La "Judenrampe" d'Auschwitz.
Ils sont accueillis par des déportés en tenue rayée de bagnards bleue et blanche qui sont en charge de récupérer les affaires. Puis ils passent à la "sélection" devant un officier SS. L'immense majorité des déportés, femmes, enfants et hommes aussi partent vers la chambre à gaz. Quelques-uns (des hommes et parfois des femmes) sont sélectionnés pour le travail et donc laissés vivants pour un sursis.
Une des rares photographies d'une sélection sur le quai d'Auschwitz. Source : Musée d'Auschwitz.
Ceux qui sont sélectionnés car "aptes au travail" sont emmenés dans le camp. Ils y sont dépouillés de tous leurs effets personnels. Puis ils sont inscrits sur un registre, son tatoués sur l'avant bras gauche avec un numéro matricule et reçoivent une tenue rayée. C'est parmi ces déportés en sursis que l'on retrouve les rescapés. Les autres, tous les autres sont exterminés.
Les déportés envoyés vers la mort sont acheminés dans à Birkenau. Ils ne sont ni enregistrés, ni tatoués. Ils laissent leurs affaire et sont envoyés au fond du camp d'Auschwitz 2 pour être gazés puis brulés dans les crématoires.
Ce sont des déportés sélectionnées pour "travailler" dans le Sonderkommando qui sont chargés de vider les chambres à gaz une fois que le crime a été commis. Ils doivent aussi faire brûler les cadavres. Ce sont ces hommes qui se révoltent le 7 octobre 1944 en faisant exploser le crématoire n° 4 et en tuant quelques SS avant d'être presque tous éliminés.
Les crématoires d'Auschwitz.
Aujourd'hui Auschwitz est devenu un des plus grands cimetières du monde. Sans tombes c'est pourtant le lieu où plus d'un million de personnes furent exterminées. Le musée du camp montre des montagnes d'objets ayant appartenu aux victimes. Lunettes, valises, chaussures d'enfants montrent la masse inimaginable du nombre de personnes assassinées.
Les objets des personnes assassinées à Auschwitz.
Parmi les déportés d'Auschwitz, on compte pas moins de 76 Fontenaysiens partis de 1942 à 1944. Un seul a échappé à la mort. Parmi les 75 victimes 73 étaient juives et quatre avaient été arrêtés comme résistants. Leurs noms figurent sur le Mémorial de la Liberté à l'angle du cimetière municipal et de l'avenue de Neuilly.
70 ans après, les déportés qui peuvent encore témoigner sont de moins en moins nombreux. C'est un effet du temps qui passent. Ils ont pour la plupart plus de 85 ans.
Le film qui suit donne la parole à trois d'entre eux dont mon ami Maurice Cling déporté à l'âge de 15 ans et qui dès 1945 se mit à écrire ses souvenirs pour ne rien oublier de ce qu'il avait vécu.
Son témoignage filmé par ses fils, et celui de se camarades, est une magnifique leçon de dignité, de courage et de vie qui en nous en apprend beaucoup sur ce qu'est l'Humanité.