3 Septembre 2020
Le service municipal des archives de Fontenay lancera prochainement un mémorial virtuel en ligne des victimes Fontenaysiennes de la Seconde Guerre mondiale.
Par Marion Kremp
Le 2 septembre 2020 à 19h12
Dans le tiroir secret d'un meuble fraîchement chiné chez un antiquaire de province, ils ont découvert une vingtaine de journaux du mouvement des prisonniers parus à la libération. D'autres ont retrouvé chez eux des brassards des FFI, ou encore un pistolet.
Depuis quelques mois, les objets et documents de la Seconde Guerre mondiale, petits trésors familiaux et morceaux d'histoire, sont déposés par des habitants aux archives municipales de Fontenay dans le cadre d'une vaste collecte lancée par la ville.
Déjà 380 fiches biographiques
Ils iront abonder le catalogue du mémorial numérique de la guerre de 1939-1945 qui sera lancé à l'occasion des journées du patrimoine le 19 septembre. Avant sa mise en ligne, celui-ci compte déjà plus de 380 fiches biographiques des victimes de la Seconde Guerre mondiale.
Lancé à l'initiative de Loïc Damiani, adjoint PCF à la ville numérique et aux anciens combattants mais aussi professeur d'Histoire, ce mémorial recense toutes les victimes Fontenaysiennes du nazisme, des soldats aux déportés, des fusillés aux résistants sans oublier les civils.
En 2017, il avait déjà mis en ligne avec le service des archives municipales un mémorial numérique de la Première Guerre mondiale. Plus de 3 500 objets et documents envoyés et déposés par les habitants depuis 2014 avaient ainsi pu être numérisés et les fiches de soldats morts au combat ou dans les hôpitaux militaires minutieusement recensées et documentées.
Un travail d'enquête minutieux à partir d'actes de décès, de fiches d'Etat civil et d'archives militaires qui permettent de retracer le parcours des victimes. Jusqu'à une habitante, morte sous les bombes nazies durant l'exode sur les routes du Loiret en 1940.
« Des profils dont on ne savait rien, des gens dont on ne parle jamais et qui n'ont pas leurs noms sur les monuments aux morts », veut mettre en lumière Loïc Damiani qui a pu recenser pour le moment une trentaine de victimes civiles.
Les seuls habitants qui n'auront pas leur place dans ce mémorial numérique, parce que ni « morts pour la France, ni victimes du nazisme », ce sont les collaborateurs, les miliciens, les volontaires Français contre le bolchevisme.
Tous les autres pourront être facilement retrouvés sur le portail grâce à plusieurs entrées de recherche, par nom, par domicile ou encore par lieu de décès via une carte de localisation.
« Donner à voir une page de l'histoire »
« L'objectif de ce mémorial est de donner à voir une page de l'histoire. Avant de commencer ce travail, nous n'avions recensé que 250 victimes, j'avais aussi retrouvé les noms de 80 déportés. Maintenant, nous sommes à 383 noms, dont beaucoup de déportés parce que résistants ou juifs mais aussi des soldats de la campagne de 1944-1945 », se réjouit le professeur d'histoire passionné et engagé.
Ainsi, la ville installera d'ici la mi-septembre vingt-sept nouveaux pavés de laiton gravés du nom des victimes de la Shoah et scellés dans la chaussée, là où elles vivaient avant d'être déportées.
Des Stolpersteine — « obstacle ou pierre d'achoppement » en allemand — qui rendent hommage aux habitants déportés durant la Seconde Guerre mondiale. Des pavés sur lesquels on bute, comme pour prendre conscience de l'horreur du régime nazi, qui sont aussi le moyen de garder la mémoire de ces hommes et femmes qui vivaient là.
Une démarche historique et artistique lancée par le plasticien allemand Gunter Demnig, dès 1993 à Berlin. Et lancée à Fontenay au printemps 2018. Depuis, les rues de la ville en comptent près de 80, installés dans plus de vingt-cinq rues de Fontenay.
Une démonstration du mémorial numérique est organisée ce vendredi à 18 h 30 à l'Hôtel de ville, en présence notamment d'anciens combattants des conflits suivant qui ont vécu, enfants la Seconde Guerre mondiale à Fontenay.
En attendant, la collecte reste ouverte « jusqu'à la fin des temps ! », en redemande Loïc Damiani.
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