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Un blog sur l'histoire, la géographie et l'éducation civique enseignées dans un collège de Fontenay-sous-Bois

Janusz Korczak pédagogue et inspirateur des droits de l'enfant.

Dans le cadre de ce blog pédagogique, un lien avec l'association française Janusz Korczak, pédiatre, pédagogue et précurseur des droits de l'enfant.

Ce pédagogue, directeur de l'orphelinat du ghetto de Varsovie, protecteur des enfants a réfléchi durant des décennies sur l'éducation.

Une citation très significative de son engagement :

« Vous dites :
- C’est épuisant de s'occuper des enfants.

Vous avez raison.

Vous ajoutez :
- Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser.

Là, vous vous trompez. Ce n'est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d'être obligé de nous élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments.

De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre.

Pour ne pas les blesser. »

Janusz KORCZAK, prologue de Quand je redeviendrai petit.

Traduction AFJK (révisée en 2007).

Parmi ses écrits majeurs je vous recommande :

- Le Droit de l'enfant au respect, Robert Laffont, Paris, 1979.

- Journal du ghetto, Robert Laffont, Paris, 1998.

Le docteur Korczak dans les années 1930.

Le docteur Korczak dans les années 1930.

A propos des droits de l'enfant.

Monument en hommage à Janusz Korczak au mémorial de Yad Vashem. Mémorial à Varsovie.
Monument en hommage à Janusz Korczak au mémorial de Yad Vashem. Mémorial à Varsovie.

Monument en hommage à Janusz Korczak au mémorial de Yad Vashem. Mémorial à Varsovie.

1878 — Henryk Goldszmit naît à Varsovie, la capitale de la Pologne, le 22 juillet, de Joseph Goldszmit et de Cecylia Gebicka, dans une famille juive, aisée, laïque et assimilée de longue date. Son père est un grand avocat. Surprotégé, il n'a pas le droit de descendre jouer dans la cour avec les enfants pauvres. Son canari en cage, sa grand-mère (sa seule confidente jusqu'à l’âge de 14 ans) et la cuisinière, une conteuse extraordinaire, marqueront sa petite enfance et sa vie entière. Scolarité : une gouvernante française jusqu'à 7 ans, l’école primaire russe « stricte, assommante et sévère » où les enfants sont encore fouettés, le lycée russe. Il en retiendra surtout l’absence totale de respect des adultes à l’égard des enfants et un profond ennui.

1890 — Son père est interné à l’asile d'aliénés de Tworki. À 12 ans, Henryk doit subvenir aux besoins de sa famille ruinée. Il devient précepteur et il découvre ainsi la pédagogie. Il se réfugie dans l’imaginaire, écrit des poèmes, tient son journal. Le roman qu'il en tirera plus tard (1913) : Confession d'un papillon, décrit sa vie d'adolescent confronté six ans durant à la folie de son père.

1896 — Décès de son père (25-08). Henryk écrit un roman nommé : Suicide et un article : « Le nœud gordien », dont la publication marque le début de sa carrière de journaliste engagé.

1898 — À l’occasion d'un concours littéraire, il choisit pour pseudonyme le nom polonais aristocratique d'un personnage de roman de J.-I. Kraszewski. Il commence des études de médecine.

1901 — Il décrit la misère des enfants les plus pauvres et il leur consacre son premier livre : Les enfants de la rue. Il publiera au total 480 articles, essais et feuilletons entre 1998 et 1905.

1905 — Il publie Les enfants de salon, dont le succès fait de lui un jeune écrivain célèbre. À peine diplômé, il est mobilisé comme médecin militaire dans l’armée russe pour la guerre Russie/Japon.

1906 — À son retour du front, il travaille dans un hôpital pour enfants pauvres de Varsovie (rue Sliska)et il ouvre un cabinet privé. Passionné et dévoué, il devient un médecin très recherché.

1907 — Il participe à une première colonie de vacances pour s'initier au rôle d'éducateur. Il part ensuite en voyage d'études à Berlin, puis sur les traces de Pestalozzi en Suisse. Parmi ses articles et essais (dont l’un porte un titre français : « Savoir vivre »), « L’école de la vie » fait événement et est publié dans deux revues. Il s'agirait de sa première réelle contribution pédagogique.

1908 — Korczak rencontre Stefania Wilczynska. Elle partage avec lui son rêve de construire un lieu idéal pour les enfants pauvres. Il écrit •*Colonies de vacances (• tomes I et II, en 1909 et 1910).

1909 — Il est jeté en prison par la répression tsariste contre l’intelligentsia polonaise. Il y reste deux mois.

1910 — Des fonds ont été réunis et son établissement est mis en chantier. Il repart en voyage d'études six mois à Paris, jusqu'en janvier 1911, puis un mois à Londres, en juin.

1912 — Inauguration de « Dom Sierot » (La Maison des Orphelins), au 92 rue Krochmalna à Varsovie. C'est l’un des plus beaux orphelinats d'Europe, avec un projet pédagogique d'avant-garde. L'établissement est mixte. Il accueille les orphelins juifs (à l’époque, il était inconcevable d'élever ensemble les enfants Juifs et « Polonais », d'éducation catholique). Janusz Korczak abandonne son poste à l’hôpital pour enfants pour en prendre la direction avec Stefania Wilczynska. Il publie notamment •*La Gloire et «*Une semaine de malheur de l’écolier Stasio ».

1914 — Il est mobilisé, d'abord dans un hôpital de campagne de l’armée russe puis à Kiev où il fait la connaissance de Maria Falska qui dirige alors un refuge pour enfants errants. De ces quatre années sur le front, il ramènera un ouvrage-clé, son célèbre traité de pédagogie : •Comment aimer un enfant, publié en deux fois, en
1919 avec : Moments pédagogiques, puis en 1920.
11-1918 — Indépendance de la Pologne après 120 ans d'occupation (Les trois partitions). Régime républicain.

1919 — Inauguration de « Nasz Dom » (Notre Maison), à Pruszkow (à 25 km de Varsovie) créée par Maria Falska pour les orphelins de guerre « Polonais » (c.-à-d. de culture catholique), sous la direction pédagogique de Janusz Korczak.

Janusz Korczak est de nouveau mobilisé, cette fois comme officier de la toute nouvelle armée polonaise opposée à l’armée russe. Il est nommé dans un hôpital pour maladies infectieuses et il y contracte le typhus. Il échappe de peu à la mort mais contamine sa mère venue à son chevet. Elle en meurt, le 12 février 1920. Fou de chagrin, il pense au suicide. Le 16 août, Varsovie assiégée et la Pologne sont sauvées in extremis par la victoire du Maréchal Józef Pilsudski (avec l’aide de l’armée française). Il écrit •*Seul à seul avec Dieu, ou Prières de ceux qui ne prient jamais.

1921 — Époque heureuse ! Les deux établissements marchent bien. Leurs visiteurs, nombreux, qui viennent aussi de l’étranger, décrivent en premier lieu la joie des enfants. Korczak y a mis ses idées en pratique. L'autogestion pédagogique régit entièrement leur fonctionnement interne et les deux maisons ont leur Parlement, leur tribunal d'arbitrage et leurs journaux d'enfants. Ce sont « Les républiques des enfants » de Korczak (cf. le film *L'adieu aux enfants). Il vit à Dom Sierot, qui accueille 107 enfants de 7 à 14 ans (51 garçons, 56 filles). Il écrit • «*La gazette scolaire ».

1922 — Il semble que la mort de sa mère et la renaissance de sa nation aient favorisé la création de son personnage clé, son fils spirituel : Le roi Mathias 1er, suivi en 1923 du •*Roi Mathias sur une île déserte. Les aventures de Mathias, l’enfant-roi qui tente de donner la démocratie aux enfants contre l’avis des adultes, ont été publiées dans le monde entier et restent toujours très populaires.

1925 — Korczak enseigne à l’Institut de pédagogie et à l’Université. Il est médecin-expert auprès du Tribunal pour les jeunes délinquants. Il s'y rend une fois par semaine (le lundi) pour examiner leur cas et se fait le plus souvent leur avocat auprès de leurs juges. Ses plaidoiries font souvent événement et secouent l’opinion. Après : *La faillite du petit Jacques, il publie •*Quand je redeviendrai petit, avec deux préfaces différentes : une pour les enfants et une autre pour les adultes.

1926 — Création de « Maly Przeglad » (la « Petite revue »), un journal national d'enfants et d'adolescents qui ne compte qu'un seul adulte au Comité de rédaction (Janusz Korczak lui-même, remplacé plus tard par Igor Newerly). Tirée à 150 000 exemplaires jusqu'à l’invasion nazie en 1939, Maly Przeglad a plus de 2 000 petits correspondants de presse dans tout le pays. Tous perçoivent une petite rémunération.

1928 — Nasz Dom est luxueusement installé à Bielany (Varsovie) grâce à une fondation privée. Il publie son célèbre manifeste •Le droit de l’enfant au respect, bientôt suivi de •*Les règles de la vie, deux textes fondateurs des droits de l’enfant : l'un pour les adultes, l'autre pour les enfants.
10-1931 — Il crée une pièce de théâtre : •Le Sénat des fous, nouvelle tentative pour secouer les consciences.

1934 — Premier voyage en Palestine : à l’invitation d'un ancien pupille, il partage pendant trois semaines de juillet la vie du Kibboutz Ein Harod. À son retour, il crée à la radio une série d'émissions pour enfants, consacrées à leur vécu et expériences : les « causeries du Vieux docteur ». La chaude voix de Korczak captivera le pays tout entier, en famille, pendant deux ans, le jeudi, à l’heure de la plus grande écoute. Il publie *Jojo le sorcier.

1936 — Les années noires. Le 27 février ses émissions lui sont retirées pour cause avouée d'antisémitisme. Il en est bientôt de même au Tribunal. D'autre part, un conflit l’opposant à Maria Falska l’amène à démissionner de Nasz Dom. Il fait un second voyage en Palestine, en avion, pendant l’été et donne une conférence très suivie à son retour. Il est alors la cible de la presse de droite, qui y trouve des arguments supplémentaires pour démontrer que « le Vieux docteur et le grand Korczak, le prétendu polonais, sont Henryk Goldszmit le Juif, à qui on continue cependant de confier l’éducation des enfants polonais ». Sérieusement déprimé, il envisage la possibilité d'émigrer en Palestine.

Autant le monde polonais de droite fait des efforts pour le rejeter, autant le monde juif cherche alors à l’attirer. Prenant du recul, il entreprend une tournée de conférences dans les cercles juifs des villages du sud de la Pologne et à Varsovie. Il explique que c'est un peu pour lui comme d'aller visiter les kibboutz et qu'il pourrait peut-être soutenir le moral des pauvres et des honnêtes gens (courrier à Ein Harod du 30 mars 1937).

1937 — En guise de consolation, après la « Polonia restituta » reçue en 1933 du gouvernement pour services rendus, l’Académie polonaise de littérature lui attribue sa plus haute distinction pour son œuvre littéraire (le Laurier d'or, le 4 novembre). Invité à revenir à la radio, il y donne en 1938 trois nouvelles séries de causeries très suivies. Il écrit •*Moïse, Benjamin de la Bible, un livre sur Pasteur : *Un garçon têtu (1938), «*Les 3 exodes du petit Henri » (1939) et Pédagogie avec humour. Il se refuse maintenant à abandonner son pays et les enfants en si grand danger.

09-1939 — Dans Varsovie assiégée, il revêt son uniforme d'officier polonais qu'il ne quittera plus malgré les risques encourus, de même qu'il ne portera jamais l’étoile discriminatoire. Il est rappelé à la radio pour soutenir le moral de la population (début du film KORCZAK de Andrzej Wajda, 1989).

11-1940 — Le 29, Dom Sierot est déménagée dans le Ghetto de Varsovie. Janusz Korczak affronte la Gestapo, est jeté en prison, en est libéré par les trafiquants au bout d'un mois. Son ultime combat consiste à mendier pour nourrir les enfants et à se battre pied à pied, pendant presque deux ans, pour préserver la dignité des enfants. Il tient son •Journal du ghetto, un témoignage unique sauvegardé de justesse. Cinquante ans plus tard, un livre entier de ses notes sera retrouvé anonymement.

07-1942 — Sentant venir les derniers moments, Korczak fait jouer aux enfants Amal, ou la lettre du roi, pièce de théâtre de Rabindranath Tagore [web 1 - 2], une grave et belle réflexion sur la mort d'un enfant (« Passeur emmène-moi sur l’autre rive du fleuve »). Les Nazis commencent la « liquidation » du Ghetto le 22 juillet : malade et épuisé, Korczak note que c'est le jour de son anniversaire.

08-1942 — Déportation massive des orphelinats : parmi les innombrables cortèges formés à travers le ghetto, on a pu voir Janusz Korczak, Stefa, les éducateurs et leurs deux cents enfants être emmenés dans les trains du camp d'extermination de Treblinka, où tous, aussitôt arrivés, furent assassinés.

Bernard Lathuilère, AFJK.

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