Un blog sur l'histoire, la géographie et l'éducation civique enseignées dans un collège de Fontenay-sous-Bois
27 Mars 2016
Pointe de lance du 2e Age du Fer (425-25 av.J.C) provenant d'une tombe de guerrier du cimetière de Pocklington, dans le Yorkshire, en Angleterre. CREDIT: MAP Archaeology
Des Gaulois enterrés en Grande-Bretagne ?
Par Bernadette Arnaud
Spécialiste archéologie, anthropologie et histoire au magazine Sciences et Avenir.
150 squelettes de l’Age du Fer ont été exhumés près du village de Pocklington, à l’est du comté du Yorkshire, au nord de l’Angleterre.
NÉCROPOLE. Ensevelis depuis 2500 ans avec, à leur côté, des pointes de lance et des épées, 150 squelettes particulièrement bien conservés ont été mis au jour dans une importante nécropole de Pocklington datant du second Age du Fer (425 à 25 avant notre ère), dit La Tène. Il s’agirait de la plus importante découverte jamais réalisée en Angleterre concernant cette période. L’une des 75 tombes contenait même l’unique bouclier de cette période jamais retrouvé en Grande-Bretagne. A en juger par les rites d’inhumation observés par les archéologues, ces dépouilles pourraient avoir appartenues à des populations dites « de la culture d’Arras », terme créé en 1940 par le célèbre archéologue australien Gordon Childe (1892-1957) pour baptiser ces groupes aux coutumes funéraires indéniablement proches de celles de peuples celtes du nord de la Gaule. Les poteries et autres perles de verre et d’ambres retrouvées attesteraient également de cette origine.
La découverte, réalisée à l’occasion d’aménagements immobiliers, a motivé l’intervention des archéologues du Map Archaeological Practice dont le siège est à Malton (Yorkshire). Ils espèrent ainsi compléter l’histoire mal connue du peuplement ancien de la Grande-Bretagne, en tenant à déterminer notamment, par des analyses génétiques, si ces vestiges appartenaient à des populations récemment immigrées sur le continent ou déjà installées sur place. "Ces vestiges matériels sont identiques à ceux retrouvés en Champagne et dans le bassin parisien à la même époque, à l’instar des tombes à char et des épées dégagées en 2003 à Roissy", explique Laurent Olivier conservateur du département des âges du Fer au Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, près de Paris.
Des liens établis très tôt
Les liens entre les populations gauloises du nord de la France et celles de l’Angleterre sont effet attestés très tôt. "Dans des textes de César, les rapports entre certains peuples du continent et les îles britanniques étaient clairement établis. Des traditions rapportent même qu’entre le 5e et le 3e siècle avant notre ère, des groupes originaires de la Gaule Belgique, c’est-à-dire la région située au nord de la Marne, de la Champagne actuelle jusqu’au Rhin, avaient peuplé l’Angleterre", précise l’archéologue qui rappelle que cette période de l’âge du Fer a été très marquée par de grands mouvements de populations. Dans l’Antiquité, Ptolémée, dans son ouvrage Géographie présentant l’ensemble des connaissances géographiques du monde gréco-romain, donnait même le nom de Parisii aux habitants qui peuplaient alors la Gaule Belgique et les Ardennes. L'exhumation de ce cimetière devrait conduire à la plus grande étude sur des groupes de l’âge du fer jamais menée en Grande-Bretagne.