Ellis island: porte d'entrée à New-york et aux USA.
5 Janvier 2016
Rédigé par Loïc Damiani et publié depuis
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Après avoir donné à regarder les paysages de New-York et l'étonnement que ceux-ci provoquaient sur les européens qui les découvraient, revenons sur un autre aspect de l'histoire de cette ville que les Américains appellent avec affection: "La grosse pomme". La baie de New-York et en particulier Ellis island fut la porte d'entrée en Amérique de millions d'immigrants venus du monde entier au cours des XIXe et XXe siècles.
Reprenons encore un extrait de Voyage au bout de la nuit, publié en 1932. Juste après son étonnement de découvrir cette "ville de debout", Céline, par la voix de son personnage décrit l'arrivée proprement dite. Alors que pour beaucoup d'immigrants c'est un nouveau départ plein d'espoirs, lui déverse un récit de galérien amer pour ne pas dire déjà aigri.
Notre galère tenait son mince sillon juste au ras des jetées, là où venait finir une eau caca, toute barbotante d'une kyrielle de petits bachots et remorqueurs avides et cornards.
Pour un miteux, il n'est jamais bien commode de débarquer de nulle part mais pour un galérien c'est encore bien pire, surtout que les gens d'Amérique n'aiment pas du tout les galériens qui viennent d'Europe. « C'est tous des anarchistes » qu'ils disent. Ils ne veulent recevoir chez eux en somme que les curieux qui leur apportent du pognon, parce que tous les argents d'Europe, c'est des fils à Dollar.
J'aurais peut-être pu essayer, comme d'autres l'avait déjà réussi, de traverser le port à la nage et de me mettre à crier : « Vive Dollar ! Vive Dollar ! » C'est un truc. Y a bien des gens qui sont débarqués de cette façon-là et qui après ça on fait des fortunes. C'est pas sûr, ça se raconte seulement. Il en arrive dans les rêves des biens pires encore.
Moi j'avais une autre combinaison en tête, en même temps que la fièvre.
La première vision qu'il donne, comme dans une grande partie de son oeuvre d'ailleurs, est celle de la crasse la plus infecte que peu de gens décrivent préférant admirer la statue de la Liberté.
Puis c'est le rejet ressenti. Les Américains veulent bien que des riches débarquent comme touristes, "curieux" ou pour apporter de l'argent mais beaucoup moins les pauvres, les "pouilleux" qui viennent y chercher fortune. Il y note la crainte des "anarchistes". Il faut rappeler que les immigrants italiens, les anarchistes Sacco et Vanzetti ont été exécutés en 1927 et que cette affaire a laissé des traces.
Il revient ensuite sur ce que l'on pourrait qualifier de "légende urbaine", celle de ces immigrants qui traversent le port à la nage en invoquant le dieu Dollar...
L'île sur laquelle les bateaux chargés d'immigrants débarquent est Ellis island située à 800 mètres au nord de la statue de la Liberté et à moins de 500 mètres de la côte.
C'est dans cette île de 1892 à 1954 le bureau d'immigration des Etats-Unis a accueilli des millions et des millions de personnes désireuses de s'installer en Amérique.
Un petit film en français retrace l'histoire de cette porte d'entrée dans le pays.
Il est vrai que le flux des arrivées a été très important: 17 millions de personnes entre 1880 et 1924.
Des immigrants de toutes les parties du monde, mais surtout venus d'Europe, sont entrées dans le pays au fil des crises. Ils fuyaient la misère de leurs pays d'origine ou les troubles politiques et les persécutions. Irlandais, Suédois, Allemands, Russes, Austro-Hongrois et Italiens ont formé le gros des troupes.
Le document qui suit, extrait du film de fiction de Francis Ford Coppola Le parrain sorti en 1972 montre un jeune italien arrivant à Ellis island vers 1900 et y subissant le "tri" habituel avec visite médicale...
Autre film qui aborde la question de l'arrivée aux USA est celui de Charlie Chaplin l'Emigrant, The Immigrant filmé en 1917. Il évoque en une vingtaine de minutes, la misère, l'espoir et la débrouille sur un ton qui ressemble à celui d'un petit conte.